Compte-rendu de l'ouvrage du conférencier
de notre prochaine Conférence Kastel du 28 mars.

L'auteur, Guy Michel, enseignant-chercheur retraité, a longtemps enseigné la théorie des systèmes à ses étudiants en les familiarisant avec des concepts souvent difficiles d'accès comme la "noétisation", la "noosphère" ou "l'entropie". Autant de concepts issus de la recherche dans ses multiples champs et domaines qu'il est souvent difficile de comprendre pour l'amateur non éclairé que nous sommes. Il est alors tentant de déclarer que "c'est compliqué" et de retourner sur nos canapés devant nos télés.
"Je ne comprends pas" est justement le point de départ de l'ouvrage "mais je ne me résigne pas" en est le développement, tout l'enjeu est alors de "rendre intelligible ce qui est complexe en étudiant les relations entre les bidules". En effet, l'auteur euphémise les choses: un "système" devient un "bidule" de manière à dédramatiser les objets conceptuels. Il devient alors facile de comprendre que tous les "bidules" qu'ils soient naturels ou artificiels, physiques ou biologiques, organisationnels ou politiques fonctionnent de la même façon dans le cadre de mêmes processus.
Tout étant "bidule", (sous-entendu "tout étant système"), il devient facile de comprendre que chaque bidule est composé de sous-bidules et fait partie d'un bidule plus vaste qui le contient ou encore que les bidules peuvent être opposés entre eux pour produire une énergie et qu'ainsi les antagonismes sont en réalité complémentaires et voilà expliqué le concept de "dialogique".
"Exosomatisation", "téléonomie", et bien d'autres termes du glossaire sont ainsi "vulgarisés" au sens le plus noble du terme qui est de rendre commun les outils de compréhension du réel. Se fondant sur la pensée d'Edgar Morin, d'Albert Camus et d'Albert Schweitzer, l'auteur reprend la tripartition traditionnelle de l'homme. Mais ce ne sont plus "corps, esprit et âme" mais "biosphère, noosphère et société". Chaque individu a une dimension biologique, spirituelle et sociale et il est à la fois le produit de chacune de ces dimensions et le producteur de cette dimension: nous produisons une société qui induit en retour nos comportements.
En sortant de la logique cartésienne de l'enchaînement des causalités et en adoptant à l'inverse résolument la compréhension du vivant comme seule réalité indubitable, Guy Michel considère que le respect de la vie s'impose logiquement à tout être vivant et notamment à l'humain dont c'est la responsabilité majeure à une époque où l'humanité se comporte comme un "supra-prédateur" mettant en danger la vie elle-même.
Un ouvrage stimulant qui, dans l'esprit schweitzerien permet de s'approprier le réel en comprenant que ce que nous en savons n'est jamais qu'une partie de ce qui serait à savoir et que la grande aventure humaine se situe toujours dans le double mouvement du refus et de l'acceptation; entre le "non" à tout ce qui dégrade et le "oui" à la vie qui se nourrit de l'interdépendance des êtres et des choses.

L'ouvrage sera disponible à la vente lors de la conférence de Guy Michel "Le respect de la vie d'Albert Schweitzer à nos jours" au foyer protestant de Guebwiller, 1 rue des Chanoines, le vendredi 28 mars à 20h. Ainsi que l'autre livre de Guy Michel, Vivre est dangereux… mais c'est tellement beau, aux éditions Le Lys Bleu.
Kommentit