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16 février 2023 : "il a souffert sous Ponce Pilate,il a été crucifié, …" Bible en mains

Dernière mise à jour : 14 mars 2023

16 février

"il a souffert sous Ponce Pilate,

il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli,

il est descendu aux enfers;"

Lire 1 Corinthiens 15, 1-4 : le cœur de la confession de foi de Paul.

Il a souffert sous Ponce Pilate : Matthieu 27, 11-30 / Jean 18, 33-19,5.


La flagellation, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle
La flagellation, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle

Quelles sont les points commun et les différences majeures entre les deux récits de la comparution devant Pilate ?

Tous deux insistent sur le constat de l'innocence de Jésus fait par Pilate mais Jean introduit le dialogue sur le Royaume de Dieu et conclut l'entretien avec la phrase de Pilate « Qu'est-ce que la vérité ? ». La phrase de Pilate « Voici l'homme » signifie cette parfaite humanité de Jésus. Pour Marc comme pour les autres synoptiques, Jésus est « appelé » Roi des Juifs.



Quelles sont les points commun et les différences majeures entre les récits de Matthieu et celui de Jean ?

La crucifixion, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle
La crucifixion, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle

Cyrène, Jésus refuse le vinaigre, il est crucifié, les soldats se partagent la tunique, deux brigands sont avec lui qui l'insultent tous les deux (44)

  • pour Jean, Jésus porte lui-même la croix, il est crucifié avec deux brigands, pas de mention de vinaigre, les soldats se partagent la tunique, il est fait mention de l'écriteau « Roi des juifs », cf. le dialogue entre Pilate et Jésus.


  • il est mort (Matthieu 27, 45-54/Jean 19, 28-30),

    • pour Matthieu, les ténèbres de la 6e à la 9e heure puis Jésus invoque le psaume 22, reçoit à boire, il pousse un cri et « rendit l'esprit », le voile du temple se déchire, les morts se relèvent et le centenier déclare « Il était vraiment le fils de Dieu »

    • Jean est incomparablement plus sobre, après avoir confié Marie à Jean, il demande à boire puis déclare « tout est accompli » et rendit l'esprit. Pas de voile du temple, pas de tremblement de terre ni de morts sortant des tombeaux. Pas non plus de confession de foi des soldats qui le percent au côté (34)


La mise au tombeau, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle
La mise au tombeau, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle

Matthieu : Joseph est seul et il ensevelit Jésus dans son propre tombeau, les femmes sont là.

  • Jean : Joseph, disciple de Jésus et Nicodème l'ensevelissent dans un tombeau neuf, proche du lieu de la crucifixion (la rencontre de Jésus avec Nicodème n'est pas mentionnée dans les autres évangiles). Les femmes sont absentes.












Quel est le rapport entre la montée au ciel et la descente aux enfers ?

  • « Afin de remplir toutes choses », c'est la notion de plénitude qui est au cœur de la pensée de Paul.

  • Pierre fait aussi le lien entre la descente aux enfers et la montée au ciel, c'est

Christ aux enfers, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle
Christ aux enfers, vitraux du temple Saint-Étienne de Mulhouse, XIVe siècle

lui qui insiste sur la réalité de la mort, l'ensevelissement du corps et la descente de l'esprit de Jésus aux enfers. Il va prêcher spécifiquement aux « rebelles » d'avant Noé. Il est donc dans la perspective de l'alliance noachique et on peut supposer que la prédication de Jésus ne s'adresse alors qu'à ceux qui sont morts avant Noé.

  • L'iconographie chrétienne va représenter le Christ comme s'adressant à tous les morts sauf aux damnés (cf. les vitraux du temple Saint-Étienne)

  • Pierre est aussi celui qui fait le lien le plus manifeste avec la victoire remportée sur la mort et l'article suivant du symbole « Il siège à la droite de Dieu… » (21-22)

Lire Éphésiens 2, 5-11, la kénose.

  • Laisser résonner le texte

  • Quelles sont les grandes étapes de la vie du Christ ?

  • De la condition de Dieu à la condition humaine, de la gloire à l'absolue détresse de la mort la plus ignominieuse et en retour l'élévation.

La souffrance du Christ est substitutive, c'est à notre place qu'il souffre et c'est la meilleure manière de manifester la miséricorde de Dieu envers l'humanité. La théologie chrétienne des premiers siècles est entièrement sous le régime de la faute et de la nécessaire expiation. Une conception juridique venue en droite ligne de la théologie sacrificielle hébraïque. Les sacrifices vétéro-testamentaires sont de reconnaissance, de consécration ou d'expiation. Ces trois dimensions sont incluses dans le sacrifice du Christ.

L'évocation du procès a pour but de manifester l'absolue innocence de celui que Pilate reconnaît comme un « juste ». Les premiers articles du symbole évoquaient le Père, le Fils et l'Esprit, après l'évocation sublime du Dieu créateur, seigneur et sauveur, on entre de plein pied dans le drame, dans la profondeur de l'incarnation. C'est parce qu'il est pleinement homme que sa mort est réelle, il meurt pour de vrai ! Il meurt complètement.

Dans la pensée des chrétiens d'origine juive, le séjour aux enfers est directement corrélé à l'alliance de Dieu et l'éphémère entre la mort et la résurrection. Les chrétiens d'origine gréco-latine sont influencés par les mythes (cf Ulysse qui rencontre Tyrésias et les morts, Orphée et Eurydice, Perséphone fille de Démeter et enlevée par Hadès, Dyonisos qui va chercher sa mère Sèmelé aux Enfers)

La mort du Christ, du juste, de l'innocent, signifie qu'il subit la conséquence (la mort) sans avoir la cause (le péché), il fallait donc que l'innocent parfait subisse notre condamnation pour que la miséricorde soit efficace. L'emphase dramatique est à son comble avec la descente aux enfers. La dimension sacrificielle de la mort de Jésus-Christ culmine dans la phrase « tout est accompli ».

Il manifeste ainsi qu'il supporte et emporte toute notre détresse humaine (cf. 1 Pierre 3), en acceptant la mort « mieux que nous n'acceptons la vie » (cf. confession de foi de Gabriel Vahanian), il montre que la vie humaine est désormais possible. La mort n'a pas le dernier mot (cf. Philippiens.). Nous ne sommes plus dans la situation où nous devrions lutter nous-mêmes contre le mal car cette lutte est d'ores et déjà accomplie. La kénose est l'acceptation du monde tel qu'il est en même temps que l'affirmation de la victoire, de la relativité des pouvoirs. Le message de la croix est le message de la douleur, de la défaite mais déjà, en même temps, celui de la victoire et de la résurrection. Le message de Pâques et celui de Vendredi saint sont indissociables l'un de l'autre. "L'exinanition", c'est-à-dire l'épuisement de Dieu en l'homme, va de pair avec l'exaltation.

Roland Kauffmann avec le groupe Bible en mains

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