Lire les deux textes de Matthieu : se noter chacun pour soi, une hiérarchie des versets pour chacun des deux textes. Lire les textes parallèles Marc 6, 45-56 & Jean 6, 15-21 puis Marc 8, 27-30 et Luc 9, 18-21 distinguer ce qui manque par rapport aux textes de Matthieu
Chez Marc, les apôtres s’épuisent à ramer tandis que chez Matthieu la barque est assaillie par les vagues. Le récit de Marc se termine sur l’incompréhension des apôtres alors que Matthieu nous réserve une fin grandiose : la profession de foi des apôtres. Le récit de Matthieu retient surtout notre attention par la présence de Pierre, absente de Marc. C’est d’ailleurs la première apparition de Pierre dans l’évangile de Matthieu.
Chez Jean, pas de contrainte de la part de Jésus, pas de Pierre, pas de confession de foi.
Chez Marc et Luc, « Ils » répondirent, et non pas seulement Pierre : cf. ensuite le développement sur la pierre sur laquelle le Christ bâtit son Église.
Ce qui est en jeu dans la double confession de Pierre (dans la tempête et à Césarée), c'est la confiance de Pierre en tant qu'il est image de l'Église : à l'ordre du Christ répond l'obéissance puis le doute et enfin la prière « Seigneur, sauve-moi ! ». Une manière de marquer que ni la foi ni le salut ne peuvent venir de l'homme : « ce n'est pas la chair et le sang qui.... ».
Dans le texte de la tempête, l'affirmation de foi est « tu es le Fils de Dieu ». À Césarée, l'accent porte sur « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant
Ainsi tout le contenu de la foi des apôtres est résumé en une phrase « Jésus (est le) Christ, (est le) Fils du Dieu vivant », c'est le cœur du Symbole que l'on retrouve dans l'acte baptismal de l'éthiopien (Actes 8,37).
La foi n'est ainsi ni une adhésion à un catalogue de croyances ni une obligation de pratiques mais la compréhension du rôle de Jésus dans la révélation. « Christ » et « Fils de Dieu » sont synonymes. C'est aussi la formule johannique : « Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. » (1 Jean 4, 15)
Fils « unique » : ce qui signifie que les autres prétendus « fils de Dieu », qu'ils soient eux-mêmes « dieux » (Apollon) ou « héros devenant des dieux » ( Héraclès) ne le sont pas. En contexte hébraïque, les chrétiens n'auraient eu aucun besoin de spécifier l'unicité de Jésus en tant que « Fils ». « Fils » c'est aussi spécifier qu'il ne s'agit pas d'un homme qui serait devenu divin, ou qui aurait été « adopté ». C'est aussi dire que nous ne sommes pas les « enfants naturels » de Dieu, contrairement à Jésus qui a été « engendré et non créé ». nous sommes créés et des enfants « adoptés » : le sujet de l'incarnation.
« Notre Seigneur », là aussi un synonyme hébraïque de « Christ » puisque le Christ est « envoyé », « représentant » de Dieu, il est forcément le Seigneur. La force de la confession de Pierre est d'associer « Seigneur » et « Sauveur » : Christ, Fils de Dieu, Sauveur, Seigneur sont autant de qualificatifs nécessaires les uns aux autres. Jésus ne pourrait être l'un s'il n'était pas aussi les autres.
Roland Kauffmann
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